Animer un projet coopératif

Pour les animateurs qui souhaitent créer, participer à un projet coopératif, ou pour insuffler plus de coopération dans son métier.
  • Des concepts, des idĂ©es pour savoir ce que c'est la coopĂ©ration, pour rĂ©flĂ©chir et comprendre.
  • Des mĂ©thodes pour appliquer la thĂ©orie et des exemples pour avoir un aperçu de ce que donne la coopĂ©ration dans un projet.
Durée de la formation : longue

Animation des dispositifs coopératifs : freins et facilitateurs

Auteur de la fiche : Outils-rĂ©seaux
Licence de la fiche : Creative Commons BY-SA
Description : animer

Ce qui freine

  • Manque de participation.
  • Au niveau des outils.
  • Au niveau de l'animateur.
  • Au niveau du projet.
  • Manque de temps.

Ce qui facilite

  • Au niveau des personnes.
  • Au niveau des outils.
  • Au niveau de l'animation.
  • Au niveau des projets.
  • Les neuf lois de la coopĂ©ration.

1. Ce qui freine


Freins
Eric Grelet - CC By Sa


Principal Ă©cueil : manque de participation (situation de non-collaboration).

Au niveau des personnes

  • Manque de temps : pour s'approprier ces outils, pour s'en servir.
  • Peur du regard des autres, du jugement (des pairs), d'ĂŞtre ridicule.
  • Problème d'Ă©crit, de langue.
  • DĂ©connexion au rĂ©el (trop virtuel, quelles personnes et quel(s) projet(s) sont derrière l'outil ?).
  • DifficultĂ© Ă  changer ses pratiques pour s'adapter Ă  celles du groupe (rĂ©sistance au changement).
  • Problèmes de droits d'auteur, propriĂ©tĂ© intellectuelle, peur de se faire piller les infos, la perte de pouvoir rĂ©elle ou ressentie liĂ©e au partage de l'information.
  • DifficultĂ© d'appropriation des outils, peur de la technique :
    • Peur de la difficultĂ©.
    • Peur des outils internet.
    • Ordinateur = compliquĂ©.
    • HĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© par rapport Ă  l'appropriation des outils.
  • Accès difficile Ă  internet :
    • DĂ©bit lent.
    • Logiciels obsolètes.
  • DifficultĂ© Ă  se loguer :
    • Perte du mot de passe.
    • Perte de l'adresse du site.
  • Manque de motivation par rapport au projet, ne voient pas dans le projet le lien avec leurs intĂ©rĂŞts personnels :
    • Peur que les messages soient mal interprĂ©tĂ©s.
    • Habitude d'un fonctionnement centralisĂ©.
    • Contexte institutionnel.

Au niveau des outils

  • Peur des outils, de la difficultĂ©, interface pas assez ergonomique : l'ordinateur pose problème.
  • MatĂ©riel, connexion vĂ©tuste.
  • Protection, identification.
  • Pas adaptĂ©s aux besoins.
  • Mise en place pas assez progressive, ne prenant pas assez en compte les diffĂ©rentes Ă©tapes de la vie du groupe.
  • DifficultĂ© Ă  faire passer par l'Ă©crit tout ce qui relève de l'Ă©motionnel, second degrĂ©s.
  • Plusieurs outils pour le mĂŞme usage.
  • Besoin du support papier, de concret.
  • Des outils trop compliquĂ©s.
  • On ne voit pas comment participer.
  • Évolution trop rapide des outils (visuels, fonctionnalitĂ©s).

Au niveau de l'animateur

  • Trop de sollicitation (Urgent ! Ă  valider, question mal dirigĂ©e).
  • OmniprĂ©sence ou absence de l'animateur.
  • Messages trop longs, trop d'information, pas clairs.
  • Fondateur = fossoyeur.
  • SalariĂ© : le financement du poste prend le pas sur les objectifs du rĂ©seau.
  • Pas assez Ă  l'Ă©coute des besoins du groupe.
  • L'animateur fait au lieu de faire faire.
  • Confusion dans les rĂ´les : animation, leadership, facilitateur.

Au niveau du projet

  • DĂ©rive Ă©thique, risque de rupture.
  • ReprĂ©sentation institutionnelle (perte de pouvoir rĂ©elle ou ressentie liĂ©e au partage de l'information).
  • DĂ©mobilisation : mauvaise apprĂ©hension de l'implication.
  • DifficultĂ© Ă  percevoir concrètement le projet, ses rĂ©sultats.
  • Pertinence du projet.
  • Vocabulaire : niveau de jargon partagĂ© ?
  • Complexification : les participants ne voient plus la globalitĂ©.
  • RĂ©seau qui s'institutionnalise.
  • Niveau d'engagement trop Ă©levĂ©.
  • Manque de visibilitĂ© : du temps nĂ©cessaire, de l'intĂ©rĂŞt du projet, de la finalitĂ© du projet.
  • Pas de leader.
  • Pas de traces de l'histoire du projet.

Le temps

  • Manque de temps :
    • pour l'appropriation des outils
    • pour participer au projet.
  • DiffĂ©rences de rythme : salariĂ©s / bĂ©nĂ©voles.

2. Ce qui facilite

Au niveau des personnes

  • Rencontres physiques, convivialitĂ©.
  • Évaluation par l'estime, citer tous les contributeurs
  • Mixer les publics (cf. forum).
  • RĂ©duire les risques Ă  participer, permettre la sortie et la multi-appartenance : procĂ©dure d'adhĂ©sion simplifiĂ©e, possibilitĂ© de dĂ©sengagement !
  • Cercle vertueux de la motivation :
    • Projet / action qui a du sens
    • se sentir capable
  • ContrĂ´labilitĂ© :
    • Engagement cognitif.
    • PersĂ©vĂ©rance.
    • RĂ©ussite.
  • RĂ©concilier intĂ©rĂŞt individuel et intĂ©rĂŞt collectif.
  • Rendre visible les mĂ©canismes.
  • StratĂ©gie gagnant/gagnant.
  • Questionner les personnes sur leurs objectifs.
  • Accueil des nouveaux, parrainage.
  • Des supports techniques : savoir oĂą se trouve le rĂ©fĂ©rent technique, avoir des modes d'emploi, des rubriques d'aides.

Au niveau des outils

  • Des règles de conduite.
  • NĂ©tiquette.
  • Mise en place progressive.
  • Simplifier !!! Masquer des fonctionnalitĂ©s.
  • Mode d'emploi, rubrique d'aide, formations...

Au niveau de l'animation

visibilite

  • Rendre visible l'activitĂ© du groupe : synthèse, reformulation, historique, rendre visible ce qui se passe dans les sous-groupes, actus rĂ©gulières : rĂ©sumĂ©s (TST)
  • Incitation forte pour faire Ă©voluer les habitudes : mettre uniquement les CR sur wiki, faire des fautes volontaires dans le nom des gens
  • Des animateurs "professionnels" :
    • MĂ©tiers Ă©mergents.
    • SĂ©parer les fonctions d'animation et de facilitation.
    • Savoir-ĂŞtre plus que savoir-faire.
    • En Ă©veil permanent.
  • SynthĂ©tiser, reformuler, jardiner.

Au niveau du projet

  • Proposer un historique, un carnet des Ă©vĂ©nements.
  • Minimiser les besoins de dĂ©part : mettre en ligne des productions inachevĂ©es.
  • MaĂ®trise des tâches critiques : compromis entre souplesse et pĂ©rennitĂ© du système, le projet doit se suffire d'un minimum de contributions.
  • Fonctionner en attention plutĂ´t qu'en intention : laisser Ă©merger des thèmes, des projets, en Ă©tant Ă  l'Ă©coute du groupe, dĂ©finir des objectifs et non les rĂ©sultats attendus.
  • Analyse du risque : volontĂ© de rĂ©ussite ou peur d'Ă©chouer ?
  • DĂ©finition des finalitĂ©s et du pilotage (Matrice Sagace).
  • Objectifs clairs, charte.
  • Productions : Licences libres pour en faire des biens communs.

Les 9 lois de la coopération

  • RĂ©duire les risques Ă  participer.
  • Abaisser le seuil de passage Ă  l'acte.
  • Biens non consommables et environnement d'abondance.
  • Les communautĂ©s qui durent convergent vers la coopĂ©ration.
  • L'Ă©valuation par l'estime.
  • Minimiser les besoins de dĂ©part .
  • Minimiser les risques d'Ă©chec par la maĂ®trise des tâches critiques.
  • Le temps des opportunitĂ©s.
  • N'oublier aucune des règles !

Abaisser le seuil de passage Ă  l'acte

Le passage Ă  l'acte chez l'ĂŞtre humain correspond Ă  un basculement brutal

  • Logiciel libre :
    • Donner l'autorisation d'utilisation et de modification a priori grâce Ă  une licence plutĂ´t que d'imposer une demande d'autorisation avant toute action est un autre exemple d'Ă©lĂ©ments qui facilitent le passage Ă  l'acte. (Jean-Michel Cornu)
  • Tela Botanica :
    • L'inscription est libre, gratuite et facile.
    • Utilisation Forum et Wiki.
  • Incitation Ă  la participation par des exercices simples :
    • Faire une faute volontaire sur un nom de personne pour la faire rĂ©agir et l'inciter Ă  corriger par elle-mĂŞme.

Biens non consommables et environnement d'abondance

  • Tela Botanica : projet Flore de France MĂ©tropolitaine.
    • Issu du travail d'une personne : travail de nomenclature et taxonomie sur 75 000 noms.
    • 55 599 fiches modifiĂ©es par les membres du rĂ©seau.
    • Ajout de 46 794 noms vernaculaires (plusieurs langues).

Les communautés qui durent convergent vers la coopération

convergence

  • S'associer très en amont pour Ă©viter la concurrence en aval.
    • GNU/Linux.
      • GNU et Free Software Foundation : 1985 .
      • Linux : 1991.
    • projet Flore de France MĂ©tropolitaine : 2001.

L'Ă©valuation par l'estime

  • Tela : Projet compilation d'articles botaniques (25674 articles).

  • De Boissieu Henri - Un acer hybride nouveau pour la flore française. - 1912 - dendrologie, plante hybride, acer x bormulleri, localitĂ©, p. 77-78 - SociĂ©tĂ© Botanique de France, Bulletin de la SociĂ©tĂ© Botanique de France, Bull. Soc. Bot. Fr. (1904), Tome 59 - Fascicule 1 - Saisie : Jean TIMBAL -Art. n°13807.

  • Delahaye Thierry, Henze Gaston, Lequay Arthur - Les orchidĂ©es de Monthoux - 1996 - Savoie, Avant-pays, AcĂ©racĂ©es, acer monspessulanum, FabacĂ©es, Argyrolobium zanonii, p. 15-19 - DĂ©part./RĂ©gion : 73 - SociĂ©tĂ© Mycologique et Botanique de ChambĂ©ry, Bull. de la stĂ© Myco et Bota de la RĂ©gion ChambĂ©rienne, N°1 - Saisie : Sylvie SERVE - Art. n°479.

  • Delahaye Thierry, Lequay Arthur, Prunier Patrice - Les dĂ©couvertes botaniques de nos sociĂ©taires en 1996 - 1997 - Savoie, violacĂ©es, Viola collina, loranthacĂ©es, Viscum album, acĂ©racĂ©es, acer monspessulanum, joncacĂ©es, Juncus arcticus, liliacĂ©es, Erythronium dens-canis, p. 31-32 - DĂ©part./RĂ©gion : 73 - SociĂ©tĂ© Mycologique et Botanique de ChambĂ©ry, Bull. de la stĂ© Myco et Bota de la RĂ©gion ChambĂ©rienne, N°2 - Saisie : Sylvie SERVE - Art. n°495.

Minimiser les besoins de départ

  • Linux a commencĂ© par rĂ©utiliser le code et les idĂ©es de Minix (la totalitĂ© du code de Minix a Ă©tĂ© abandonnĂ©e ou rĂ©Ă©crite complètement depuis).
  • Exemple "CathĂ©drale et Bazar" : Fetchmail basĂ© sur popclient et Fetchpop.
  • Tela :
    • RĂ©cupĂ©ration d'un travail de synonymie de M. Kerguelen sur 75 000 noms.
    • RĂ©cupĂ©ration de nombreuses base de donnĂ©es constituĂ©es par des amateurs.
  • Mettre en ligne des documents inachevĂ©s car ils peuvent ĂŞtre amĂ©liorĂ©s par des contributeurs. Si on attend l'achèvement du document pour le mettre en ligne, la dynamique de rĂ©seau ne va pas s'enclencher.

Minimiser les risques d'échec par la maîtrise des tâches critiques

  • Loi de Brooks : "Le fait d'ajouter des gens Ă  un projet logiciel en retard, le retarde encore d'avantage" : la complexitĂ© augmente, quant Ă  elle, comme le nombre d'Ă©changes et donc comme le carrĂ© du nombre de personnes.
  • Tela Botanica :
    • L'association contractualise des partenariats et assume les responsabilitĂ©s.
    • Les salariĂ©s fournissent des outils et des services et assurent la permanence.
    • Les membres du rĂ©seau montent des projets et donnent du sens au rĂ©seau.
    • Le comitĂ© de pilotage assure la coordination et valide les dĂ©cisions.

L'analyse du risque

  • La peur d'Ă©chouer fait prendre un minimum de risque. On est alors tentĂ© de tout blinder, c'est d'ailleurs une des caractĂ©ristiques actuelles : tout est balisĂ©, verrouillĂ© (notamment juridiquement). Au sein de certaines administrations par exemple, il existe un manque d'ouverture qui est le reflet d'un fonctionnement mental rigide.
  • A l'inverse, vouloir rĂ©ussir suppose de mettre en oeuvre des moyens pour atteindre le but qu'on s'est fixĂ©. Cette dĂ©marche renvoie Ă  un schĂ©ma mental beaucoup plus ouvert et dynamique.

Auteurs : Association Outils-RĂ©seaux et tous ses stagiaires
Crédits illustrations sous licence Creative Commons : CC-By Outils-Réseaux - CC-By Éric Grelet - CC-By Ell Brown - CC-By Cea - CC-By Marc Smith
méthode Concevoir et animer un projet 

Comprendre



Pour aller plus loin



Comment faire ?


Ils l'ont fait, c'est possible !