Le conflit d'intĂ©rĂȘt
Comment cette approche par les opportunitĂ©s s'applique au conflit d'intĂ©rĂȘt, un des aspects qui fait que l'homme semble ne pouvoir ressortir que la face destructive de sa double nature ?
En cas de conflit d'intĂ©rĂȘt "non-dit", l'homme est obligĂ© de choisir :
- L'altruisme : il va dans l'intĂ©rĂȘt de l'autre (ou celui de la collectivitĂ©) Ă son propre dĂ©triment et se dĂ©truit lui-mĂȘme...
- L'individualisme : il privilĂ©gie son propre intĂ©rĂȘt au dĂ©triment de l'autre ou des autres.
Dans les deux cas, il semble que nos actions ne puissent conduire qu'Ă la destruction (de nous mĂȘme ou des autres).
Pourtant, Patrick Viveret rappelle que "ce n'est jamais le désaccord qui est dangereux mais le malentendu". Lorsque les choses sont explicitées, il est possible :
- Soit de trouver une nouvelle approche qui fasse reconverger les intĂ©rĂȘts (voir JM Cornu La coopĂ©ration, nouvelles approches).
- Soit de profiter du dĂ©saccord pour trouver une nouvelle approche (processus dialectique). Le mouvement alter-mondialiste a mĂȘme lancĂ© une "mĂ©thode de construction de dĂ©saccords fĂ©conds".
La science politique s'est construite sur la rĂ©solution des conflits d'intĂ©rĂȘts par arbitrage. Mais le mode mĂȘme de rĂ©solution produit lui-mĂȘme des conflits d'intĂ©rĂȘts (Ă©ventuellement avec celui mĂȘme qui est sensĂ© trancher pour les rĂ©soudre). Au lieu de chercher Ă rĂ©soudre le problĂšme de ces conflits ou pire Ă les cacher lorsqu'on ne peut les rĂ©soudre, sans doute faudrait-il les rendre au contraire explicite en cherchant d'abord Ă "se mettre d'accord sur l'objet du dĂ©saccord". Deux fois sur trois, le dĂ©saccord est alors dĂ©passĂ©. Mais mĂȘme si ce n'est pas le cas, le dĂ©saccord de sortie est alors infiniment plus riche que le dĂ©saccord d'entrĂ©e (voir Patrick Viveret,
Coopération ou compétition en économie ?, page 26).